Une certain Jésus -1- Quand l'histoire rencontre la Parole de Dieu

A la rencontre de Jésus

Les trois plus grandes religions humaines que sont le Judaïsme, le Christianisme dont il est issu et l’islamisme, se revendiquent du texte sacré biblique et de là, il est un personnage, qui quoique faisant débat, ne laisse pas indifférent et questionne la théologie, c’est Jésus.

Le Judaïsme, quoique ne proposant pas une position globale et unifiée quant à Jésus outre qu’il fut un Juif, né dans une famille Juive, le considère au mieux comme un rabbi mais sans aucune spécificité divine qui lui est reconnue ; il n’est donc ni fils de Dieu ni le Messie.

A l’inverse pour l’islamisme Jésus à le statut de prophète et modèle humain et pour la chrétienté le personnage de Jésus est central car c’est Dieu incarné en homme pour ouvrir et porter un chemin de salut.

Pour les historiens, l’historicité du personnage de Jésus telle que présenté par les quatre évangiles ne fait pas débat bien que la matérialisation de son existence par l’archéologie fasse défaut. Outre les sources chrétiennes que l’on pourrait qualifier de partiales, d’autres rapporteurs non chrétiens des évènements du 1^er siècle évoquent le Jésus des évangiles : Tacite dans ses « Annales » évoque un certain « Christus des chrétiens ». Jésus-Christ se trouve aussi évoqué dans les écrits de Suetone et Pline. Celui qui évoque le plus Jésus est le philosophe du 1^er siècle Flavius Josephe. Il évoque Jean « le baptiseur », et parle aussi « d’un homme sage » qui ressemble vraiment à ce que les évangiles disent de Jésus.

Quoi que l’on pense, Jésus ne laisse pas indifférent. Même ceux qui se déclarent athées adoptent une position qui finalement laisse une place à ce Jésus de la Bible. Michel Onfray qui revendique d’être athée, a trouvé bon d’écrire sur le sujet, dans sa « Théorie de Jésus – biographie d’une idée», et affirme que le Christ n'a pas existé réellement mais «textuellement», sous la forme d'une idée. Une manière d’accepter sa réalité.

Qu’on le veuille ou non le Jésus de la Bible fait donc partie de l’histoire de l’humanité. Et si cette idée et plus encore, ce personnage, avait des choses à dire à chacune et chacun encore aujourd’hui ? Et si un tel ancrage dans les idées et les représentations des principaux courants de pensée, n’était pas fortuit et était réellement porteur d’un message substantiel, que l’on y adhère ou pas ?

Autrement dit : et si c’était vrai ? Et si ce Jésus de la Bible était bel et bien un rendez-vous voulu et marquant avec l’histoire de l’humanité ? Ne pas écarter cette idée conduit à ne pas écarter par conséquent ce qu’en disent les textes anciens, de ce qu’il fut, de ce qu’il a dit, de ce qu’il a porté, parce que c’est évident, l’on ne peut qu’admettre que ce Jésus de la Bible a contribué à façonner et à redessiner le monde parfois en le divisant.

En son temps, le peuple Juif, ses disciples compris, voyaient en lui un influent homme politique, celui annoncé par les textes anciens pour les délivrer du jouc Romain. Hérode d’ailleurs, dirigeant Romain cruel, craignant la venue d’un rival, s’en est inquiété jusqu’à décider, comme autrefois au temps de Moïse en Egypte, de supprimer tout nouveau-né mâle de moins de 2 ans.  D’autres Juifs comme les Pharisiens et les Sadducéens, voyaient en lui un concurrent théologique qui mettait en danger leur emprise et leur pouvoir sur le peuple.

On reconnait là des considérations bien humaines, défendant des intérêts opportunistes ou s’accrochant au pouvoir conquis ou acquis ; faisant du Jésus de la Bible un humain comme les autres, peut-être plus malin, plus influent ou plus intelligent. Mais il ne faut pas écarter que le Jésus de la Bible, quoiqu’un homme bien en chair, c’est peut-être tout autre chose. Quelqu’un de différent, qui ne ressemble pas à ce qu’ont été et sont encore les hommes et les femmes de notre monde.

D’ailleurs déjà en son temps on lui reconnaissait quelque chose de spécial : « Après que Jésus eut achevé les discours, la foule fut frappée de sa doctrine, car il enseignait comme ayant autorité et non pas comme leurs scribes » Matthieu 7 :28-29 – Marc 1 :22

« La foule qui écoutait fut frappée de l’enseignement de Jésus » Matthieu 22 :33

« Beaucoup de gens qi l’écoutaient étaient étonnés et disaient : d’où lui viennent ces choses ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée et comment de tels miracles se font par ses mains ? » Marc 6 :2

« Jamais homme n’a parlé comme cet homme. » Jean 7 :46

« Qui es-tu ? lui dirent-ils. Jésus leur répondit :Ce que je vous dis dès le commencement. J’ai beaucoip de choses à dire et à juger en vous » Jean 8 :25-26

« Ils ne purent rien reprendre dans ses paroles, mais étonnés ils gardèrent le silence » Luc 20 :26

La rédaction des évangiles s’est étalée sur 1 siècle. Le premier qui a rédigé c’est Marc vers 70. Il sera suivi par Matthieu et Luc entre 80 et 90, puis enfin par Jean, avant l’année 100. Chaque évangile parle de Jésus selon un prisme qui lui est propre, avec une mémoire également différente et pourtant aucun n’est contraire aux autres et les quatre sont unanimes quant à ce quelque chose de spécial qu’avait Jésus. Cette autorité naturelle qui à la fois attirait et questionnait.

Même l’apôtre Paul, qui est contemporain de Jésus, quoique ne l’ayant croisé, parle de Jésus comme d’une rencontre qui a radicalement changé sa vie et qu’il développe dans Galates 1.

Si l’on ne peut pas nier le Jésus de la Bible, assurément on ne peut pas non plus parler du Jésus de la Bible sans considérer ce quelque chose en plus qui va au-delà de ce qui est humain et qui ouvre une perspective nouvelle de laquelle émane un pouvoir de transformation unique et qui n’a pas de précédent.

Et pour vous, qui est Jésus ? Peut-être que comme à l’époque nous nous questionnons aussi sur ce Jésus.

Mais pour y répondre encore faut-il savoir si l’on sait qui il est vraiment ? Une question qui se posait déjà à son époque. D’ailleurs Jésus lui-même à plusieurs reprises questionnera ses contemporains et ses disciples : « Et vous qui dites-vous que je suis ? » Matthieu 16 :15

« S'étant rendu dans sa patrie, il enseignait dans la synagogue, de sorte que ceux qui l'entendirent étaient étonnés et disaient: D'où lui viennent cette sagesse et ces miracles? » Matthieu 13:54

 «Tous furent saisis de stupéfaction, de sorte qu'il se demandaient les uns aux autres: Qu'est-ce que ceci? Une nouvelle doctrine! Il commande avec autorité même aux esprits impurs, et ils lui obéissent! » Marc 1:27

 « Les Juifs s'étonnaient, disant: Comment connaît-il les Écritures, lui qui n'a point étudié? » Jean 7:15 

 « Et tous lui rendaient témoignage; ils étaient étonnés des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche, et ils disaient: N'est-ce pas le fils de Joseph? » Luc 4:22

Des questionnements devant lesquels Jésus ne restera pas sans réponse. C’est sous la plume de l’apôtre Jean dont l’évangile se veut être plus analytique, que nous est rapportée la manière dont Jésus se décrit et se présente. Par sept fois il va en effet dire : « Je suis… ». Parce qu’au-delà d’être fait d’os et de chair, un homme donc, son histoire, son parcours, sa raison d’exister et sa destinée sont hors du commun et tout cela pour le seul avantage de l’humanité. Il a en effet réussi, là où tous les hommes et les femmes avant lui, et tous ceux qui viennent après jusque aujourd’hui et qui viendront après nous, ont échoué, échouent et échoueront : de ne pas succomber à tout ce qui est contraire au bien.

C’est en ce sens que Jésus est le rendez-vous réussi avec l’histoire des hommes. Avec l’histoire de chacune et chacun. C’est une rencontre unique qui étonne peut-être, mais qui est d’un immense pouvoir. Une rencontre qui est toujours possible aujourd’hui.

Pour bien se faire comprendre Jésus se présente en prenant des images qui ont l’avantage de parler à tous, quelle que soit notre culture et le temps dans lequel on vit, comme pour illustrer ce qu’il est vraiment et sa capacité à répondre à des besoins fondamentaux quotidiens :

 « Je suis le pain de vie » Jean 6 :35. Le pain c’est ce qui nourrit et entretien la vie et la santé. C’est aussi ce qui rassasie lorsque l’on a faim.

« Je suis la lumière » Jean 8 :12. La lumière rassure, nous donne de la perspective et fait voir loin.

« Je suis la porte » Jean 10 :9. Une porte comme une issue de sortie dans un monde qui semble ne plus avoir d’issue.

« Je suis le bon berger » Jean 10 :11. Un berger c’est celui qui conduit, qui rassure, qui protège, qui fait que l’on est pas seul.

« Je suis la résurrection et la vie » Jean 11 :25. C’est comme pour dire que la mort n’est pas une définitive fatalité. Qu’un autre chose est possible.

« Je suis le chemin, la vérité et la vie » Jean 14 :6. Pour ne pas se laisser abuser par les nombreuses fables qui nous emmènent sur des chemins sans issue, mais qu’il y a UN chemin vers lequel il y a un quelque part.

« Je suis le vrai cep » Jean 15 :1. Comme un point d’ancrage, solide et sûr, sur lequel on peut venir s’arrimer.

C’est sur Jésus a quelque chose d’unique à nous transmettre !

Au cours de sa vie Jésus aura des rencontres toutes particulières qui marqueront à jamais les personnes. Il y en a tellement qu’il y difficile de les citer toutes :

Il y a ces mariés qui ont Jésus et sa famille comme invités. Jésus fera à ce moment là son tout premier miracle en changeant des cruches d’eau en bon vin, à la fin de la fête. C’est lui qui amène et sert le meilleur vin.

Il y a ce pharisien, membre du clergé de surcroît, qui vient en toute discrétion de nuit voir Jésus pour lui dire ce qu’il a sur le cœur et le questionner. Il repartira avec un regard différent, un nouveau sens à la vie et une foi renouvelée, qui le conduira à rester attaché à Jésus.

Il y a cette rencontre avec cette femme qui a tout et tous contre elle. Elle est très volage et de surcroît Samaritaine, donc méprisée par les Juifs.  Elle est au puit et la conversation s’engage avec Jésus qui lui demande à boire. Finalement c’est elle qui lui demande de lui servir de cette eau vivifiante. Cette femme a une vie misérable, une vie dans laquelle elle a tellement besoin d’étancher sa soif, certainement une soif d’amour, une soif de bonheur, une soif de vérité qu’elle ne trouve pas autour d’elle. 

Il y a cet homme à la piscine de Béthanie, impotent depuis trente-huit ans et qui comme beaucoup d’autres à cet endroit il attendait. Jésus passe là et lui pose cette question presque provocatrice « que veux-tu que je fasse ».

Il y a aussi ce jeune homme riche, tout bien comme il faut et qui avait une vie religieuse sans défaut. Enfin, c’était sans compter sur Jésus qui va « mettre le doigt » là où ça fait mal. Certes tout est bien, mais ce n’est que pure forme et tradition chez cet homme. Jésus lui, souhaite une pleine adhésion, celle du cœur et de la conviction personnelle.

Il y en a eu bien d’autres rencontres, toutes singulières et qui ont changé la vie de celles et ceux qui l’ont rencontré. Paul, celui qui se dit apôtre alors qu’il n’a pas connu Jésus de son vivant, est de ceux-là. Lui qui pourtant était de ceux qui étaient très engagés dans la religion, croyant fervent comme il le dit lui-même « Car je voudrais moi-même être anathème et séparé de Christ pour mes frères, mes parents selon la chair, qui sont Israélites, à qui appartiennent l'adoption, et la gloire, et les alliances, et la loi, et le culte, et les promesses, et les patriarches, » Romains 9 :3-5. Il était sûr de lui, se croyait dans la vérité « Vous avez su comment j’étais … plus avancé dans le judaïsme que beaucoup de ceux de mon âge et de ma génération, étant habité d’un zèle excessif pour les traditions de mes pères. » Galates 1 :14

Mais ça, c’est jusqu’à ce qu’il rencontre Jésus, certes d’une manière toute particulière (Actes 9). De là tout va changer pour lui, « Je rends grâces à celui qui m'a fortifié, à Jésus Christ notre Seigneur, de ce qu'il m'a jugé fidèle, en m'établissant dans le ministère, moi qui étais auparavant un blasphémateur, un persécuteur, un homme violent. Mais j'ai obtenu miséricorde, parce que j'agissais par ignorance, dans l'incrédulité; » 1 Timothée 1 :12-13

Et ce Paul, vu comme exemplaire par ses contemporains viendra à dire : « J’ai été crucifié avec Christ et si je vis ce n’est plus moi qui vit mais Christ qui vit en moi » Galates 2 :20

L’expérience de bien d’autres personnages raisonne comme des exemples de ce que produit la rencontre avec Jésus.

Et si Jésus voulait aussi nous rencontrer, nous ? Chacun et chacune individuellement, dans son expérience de vie pour trouver en lui et avec lui une autre impulsion, une autre perspective, un sens nouveau.

Un Jésus qui fait encore entendre ses paroles, comme dans un dialogue personnel avec chacun, un Jésus qui est  :

-       Tout proche « Voici je suis avec vous jusqu’à la fin du monde » Matthieu 28 :20

-       prêt à nous écouter « Mais quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. » Matthieu 6 :6

-       prêt à nous rencontrer «Approchez-vous de Dieu et il s’approchera de vous » Jacques 4 :8

-       prêt à nous répondre « Nous avons auprès de lui cette assurance, que si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute. Et si nous savons qu'il nous écoute, quelque chose que nous demandions, nous savons que nous possédons la chose que nous lui avons demandée. » 1 Jean 5 :14-15

Alors il nous attend « Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi. » Apocalypse 3 :20

Parce qu’il a de beaux projets pour chacune et chacun : « Car je connais les projets que j'ai formés sur vous, dit l'Éternel, projets de paix et non de malheur, afin de vous donner un avenir et de l'espérance. Vous m'invoquerez, et vous partirez; vous me prierez, et je vous exaucerai. Vous me chercherez, et vous me trouverez, si vous me cherchez de tout votre coeur. » Jérémie 29 :11-13

Venons donc à sa rencontre