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Un certain Jésus - 3 : Lanceur d'alerte gênant


Une certain Jésus
Une certain Jésus

Trois années de vie publique qui le moins que l’on puisse dire, est qu’elles ont bouleversé les idées mais aussi le monde. Trois années après lesquelles rien n’est plus pareil et s’ouvre une nouvelle ère de l’histoire de l’humanité. Trois années à partir desquelles le temps est remis à zéro, compté comme un nouveau départ pour l’humanité. Trois années qui encore aujourd’hui continuent de diviser les hommes.


Ce Jésus, en qui on peut croire ou pas, a dit et continue de dire des choses qui, parce qu’elles ouvrent une nouvelle perspective et proposent un nouveau sens à la vie, ont toujours gênées. A tel point que ceux-là même de qui est issu Jésus et à qui avait été délivré un message clair quant à la venue d’un Messie, non seulement ils ont feint de ne pas le reconnaître, mais ils sont allés jusqu’à réclamer à l’occupant au pouvoir, les Romains, de le supprimer.


«Tous furent saisis de stupéfaction, de sorte qu'il se demandaient les uns aux autres: Qu'est-ce que ceci? Une nouvelle doctrine! » Marc 1 :27


Jésus fut cependant apprécié des foules qui reconnaissaient en lui quelqu’un de différent : « Après que Jésus eut achevé les discours, la foule fut frappée de sa doctrine, car il enseignait comme ayant autorité et non pas comme leurs scribes » Matthieu 7 :28-29 – Marc 1 :22


Et c’est vrai qu’il avait de quoi surprendre, en premier lieu dans le choix de « son équipe », dans laquelle on ne trouve aucun des érudits religieux ou intellectuels de l’époque, aucune personnalité politique, mais des personnes hétéroclites, des « monsieurs tout le monde » et même des personnes considérées à la solde du pouvoir Romain, péagers de métier, et d’autres du clan des zélotes que l’on pourrait qualifier de mercenaires violents contre le pouvoir Romain. Et que dire de Juda Iscariot, homme malin et gestionnaire zélé mais peu soucieux de partager avec les autres.


Alors que le Messie tant attendu par les descendants du peuple Hébreux, devait être celui qui délivrerait du jouc Romain le pays de Canaan, terre promise par Dieu à Abraham, la composition de l’équipe de Jésus avait de quoi interroger. Et effectivement Jésus et son équipe n’ont pas battu les Romains, Jésus dira même, presque provoquant : « qu’il faut rendre à César ce qui est à César » Luc 20 :25. Et pourtant ce sont ces onze personnes (en excluant Juda), qui n’avaient rien qui les prédestinait, qui vont prendre la suite de Jésus, vont devenir les leaders spirituels qui vont porter et développer la pensée nouvelle qui sera nommée chrétienne et qui continue de façonner le monde d’aujourd’hui.

Et que dire des relations sociales de Jésus, lequel ne fera pas le choix des chefs religieux de l’époque, des érudits ou des gens influents, mais ira vers les gens de la rue, les anonymes, et pire encore, il est allé vers des gens considérés comme non fréquentables, à l’exemple de la femme Samaritaine. Il a même défendu une femme adultère et mangé avec des gens de mauvaise vie.


Enfin, tout cela se fera hors du temple et des lieux de rencontre appelés synagogues, lieux sacrés dans lesquels, disait-on, devait être cherché le savoir spirituel. Il en fera peu cas, et a, même dit « qu’il ne restera pas pierre sur pierre de ce temple ».

Assurément les choix de Jésus avaient de quoi déconcerter, ce qu’à plusieurs reprises les érudits et chefs religieux de l’époque lui reprocheront. Tout cela leur donnera motifs pour s’opposer à lui, chercher ce qui pourrait constituer une faute permettant de le faire condamner et même de le neutraliser définitivement.


Marc 8 :11 « Les pharisiens survinrent, se mirent à discuter avec Jésus, et, pour l'éprouver, lui demandèrent un signe venant du ciel. »

Matthieu 22 :15 « Alors les pharisiens allèrent tenir conseil sur les moyens de prendre Jésus au piège de ses propres paroles »

Jean 11 :53 « Dès ce jour, ils résolurent de le faire mourir. C'est pourquoi Jésus ne se montra plus ouvertement parmi les Juifs »


Mais jamais rien ne fut factuellement trouver. Cependant cela n’arrêtera pas le projet de le supprimer et les successeurs d’Abraham, contre toute attente alors qu’ils voulaient se libérer du jouc Romain, vont accuser Jésus d’appeler le peuple à la rébellion contre l’empire et l’emmener vers Ponce Pilate préfet Romain de la Judée (Luc 23 :2).

Comme Pilate ne trouva rien de reprochable à Jésus face au droit Romain, alors il est retenu de l’envoyer vers Hérode Antipas, Préfet de Galilée qui à son tour ne trouva rien à reprocher à Jésus (Luc 23 :4-16).

Quelle obstination ! Mais que pouvait-il y avoir de si gênant en Jésus pour que ceux de son peuple veuillent à ce point le faire taire ?


La réponse se trouve dans ce que Jésus disait avec vigueur à ceux qui se considéraient satisfaits de leur vie spirituelle et sûrs en ce à quoi ils croyaient :

Matthieu 15.7-9 « Hypocrites, Ésaïe a bien prophétisé sur vous, quand il a dit : ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est éloigné de moi. Il enseigne des règles inventées par les hommes »

Marc 7 :6-8 «Ce peuple m’honore de ses lèvres, mais son cœur est loin de moi ; C’est en vain qu’ils m’adorent, enseignant comme doctrines les commandements des hommes. Vous abandonnez le commandement de Dieu et vous vous accrochez à la tradition des hommes » 

 Luc 11 :52 « Malheur à vous, docteurs de la loi! parce que vous avez enlevé la clef de la science; vous n'êtes pas entrés vous-mêmes, et vous avez empêché d'entrer ceux qui le voulaient. »


Quelques textes, parmi d’autres, qui permettent de comprendre d’une part pourquoi Jésus était apprécié par la population, qui voyait en lui quelqu’un de plus authentique et de plus cohérent, qui présentait une religion faite de valeurs vécues et soucieuses des autres ; tout ce qui ressemble au Dieu de la Bible.

Mais d’autre part, à l’inverse, pourquoi Jésus était tant gênant pour ceux qui vivaient une religion et une spiritualité d’apparat, comme une pratique qui donne bonne conscience, comme pour suivre le plus grand nombre, comme un « on ne sait jamais ». Quelque chose qui ressemble à ce que l’on entend communément de nos jours : « croyant mais non pratiquant ». Une religion du faire en se disant que cela suffit, peut importe si on y croit ou pas. Une religion pour un salut qui se gagne ou s’achète.


Jésus comme pour faire comprendre ce qui se passe, illustrera la situation par une parabole, celle du maître qui envoie ses serviteurs puis son fils : « Lorsque le temps de la récolte fut arrivé, il envoya ses serviteurs vers les vignerons, pour recevoir le produit de sa vigne. Les vignerons, s'étant saisis de ses serviteurs, battirent l'un, tuèrent l'autre, et lapidèrent le troisième. Il envoya encore d'autres serviteurs, en plus grand nombre que les premiers; et les vignerons les traitèrent de la même manière. Enfin, il envoya vers eux son fils, en disant: Ils auront du respect pour mon fils. Mais, quand les vignerons virent le fils, ils dirent entre eux: Voici l'héritier; venez, tuons-le, et emparons-nous de son héritage. Et ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne, et le tuèrent. » Matthieu 21 :33 et suivants


La rencontre du jeune homme riche  qui est rapportée dans Marc 10 :17, illustre d’ailleurs bien cet état d’esprit qui régnait. Alors que ce jeune demande ce qui convient de faire pour hériter la vie éternelle, Jésus lui répond qu’il faut observer la Loi (celle de Moïse). Il s’en suit ceci : «  Il lui répondit: Maître, j’ai observé toutes ces choses dès ma jeunesse. Jésus, l’ayant regardé, l’aima, et lui dit: Il te manque une chose; va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens, et suis-moi. Mais, affligé de cette parole, cet homme s’en alla tout triste; car il avait de grands biens. » Jésus ne point pas ses biens en tant que tels, mais les priorités de cet homme et aussi sa manière de se dire croyant, car en fait sa religion était une religion du faire, de convenance, de principe, d’habitude et de tradition, qui ne reposait pas sur une foi vraie.


C’est cela que Jésus est venu dire et malheureusement continue de nous dire.  


Paul dira quelques années plus tard « Sache que, dans les derniers jours, il y aura des temps difficiles. Car les hommes seront égoïstes, amis de l’argent, fanfarons, hautains, blasphémateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, irréligieux …, aimant le plaisir plus que Dieu, ayant l’apparence de la piété, mais reniant ce qui en fait la force. » 2 Timothée 3 :1

L’apparence de la piété mais en reniant ce qui en fait sa force : c’est-à-dire l’absence d’une conviction profonde.


Jésus est venu dire que non seulement cela ne suffit pas, mais que ce faisant, cela prive de ce que le Dieu de Bible veut et souhaite pour chacune et chacun.

 Le dire en quelques mots restera incomplet, mais l’intention de Jésus, le message qui est le sien, l’invitation qu’il fait à chacun, Jésus l’illustre en prenant l’image de la relation qui lie un berger avec ses brebis : « moi, je suis venu afin que les brebis aient la vie, et qu'elles soient dans l'abondance. Je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis. » Jean 10 :10-11. On peut aussi évoquer son échange avec Thomas et Philippe rapporté dans Jean 14, « Croyez-moi, je suis dans le Père, et le Père est en moi; croyez du moins à cause de ces oeuvres. En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les oeuvres que je fais, et il en fera de plus grandes, parce que je m'en vais au Père; et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai. » Jean 14 :12-14

Plus tard, l’apôtre Pierre comprenant tout cela écrira « … ce n'est pas par des choses périssables, par de l'argent ou de l'or, que vous avez été rachetés de la vaine manière de vivre que vous aviez héritée de vos pères, mais par le sang précieux de Christ, comme d'un agneau sans défaut et sans tache » 1 Pierre 1 :18


Oui Jésus peut offrir ce que rien ni personne ne peut : la sérénité, une force intérieure sans égal, un nouveau sens à la vie, une issue au mal qui ronge et détruit l’humanité et la force face aux conséquences de ce mal auxquelles ont doit faire face et dont on est victime.

Et cela n’était pas une nouvelle doctrine, comme il se disait, mais une compréhension restaurée du projet de Dieu. C’est pourquoi Jésus dira, en rassurant : « Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. Car, je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu'à ce que tout soit arrivé. » Matthieu 5 :17-18


 Alors que le rituel d’adhésion et de foi dans le Dieu des origines instauré depuis Moïse avait été totalement dévoyé, détourné et même perverti et de là n’avait plus de sens, Jésus est celui qui réconcilie l’homme avec Dieu parce qu’il a réussi là où aucun homme n’a réussi. Cela passe cependant par une relation personnelle et choisie. « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. Mais je vous l’ai déjà dit : vous avez vu, et pourtant vous ne croyez pas. Tous ceux que me donne le Père viendront jusqu’à moi ; et celui qui vient à moi, je ne vais pas le jeter dehors. Car je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. Or, telle est la volonté de Celui qui m’a envoyé : que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. Telle est la volonté de mon Père : que celui qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. » Jean 6 :35-40


Alors oui ce que dit Jésus est certainement gênant parce qu’il faut rompre avec ce que l’on fait juste pour la bonne conscience, juste parce que c’est la tradition.

On peut l’écarter et le rejeter comme ceux de son époque ou alors on peut comme beaucoup qui l’on rencontré, apprendre à mieux le connaître, comprendre ce qu’il a nous dire encore aujourd’hui, saisir l’opportunité de trouver un nouveau sens à la vie. Parce que ces promesses ne sont pas conjoncturelles et temporelles, elles s’adressent et s’offrent à toutes et tous.


« Jésus lui répondit: Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera; nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui. Celui qui ne m'aime pas ne garde point mes paroles. Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous donne pas comme le monde donne. Que votre coeur ne se trouble point, et ne s'alarme point. » Jean 14 :23-27

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